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le temps du plaisir

Prochaine représentation : 

samedi 19 octobre 2024 à 20h30 au Théâtre de Beauzac (Haute Loire)

Comédie en 2 actes de Muriel Jarry

Mise en scène Matheo Alephis

Avec Muriel Jarry, Denis Bouvier,

Sylvain Durand, Alizée Demely

Chansons originales de Muriel Jarry

Arrangements Denis Bouvier

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le propos

Quelle meilleure cure de jouvence qu’une belle histoire d’amour ?

 

Vieillir est un naufrage parait-il. Pour Florence et Benjamin qui se sont rencontrés trois mois auparavant et qui sont fous l’un de l’autre, cette maxime est vide de sens. Ils le prouvent, le vivent, le crient. Ils chantent l’amour, l’éternelle jeunesse, le temps n’a plus de prise, le bonheur!

 

C’était sans compter l’incompréhension du fils, dans le regret du père décédé, excédé par ce nouveau beau-père, qui va leur mettre des bâtons dans les roues. Être amoureux à 60 balais ans ? avec des enfants déjà adultes, c’est compliqué ! Heureusement la fille, originale et non conventionnelle sera pour eux un appui.

 

L’engagement est total ; il faut écrire un livre et dénoncer le racisme anti-vieux, le mal être des anciens, leur solitude, parfois leur désespoir. L’ouvrage Le temps du plaisir va faire un carton. Le monde est bousculé : des manifestations sont organisées, des interviews à la radio, à la télévision, c’est le succès.

 

La cause des vieux est une belle cause : retrouver sa dignité, son amour-propre, son originalité, la sagesse d’autrefois, l’amour des autres. Voilà le combat porteur d’espoir que va mener cette famille recomposée, pleine d’enthousiasme en chantant, dansant, manifestant, hors des sentiers battus.

 

Un tourbillon de gaieté, d’humour parfois grinçant et de plaisir. En musique s’il-vous-plait !

note d'intention mise en scène

Contre la machine

 

Qu'est-ce que la vieillesse ? A quel âge sommes-nous vieux ? A-t-on le droit d'aimer quand on est vieux ? Pouvons-nous nous rebeller contre une société qui sanctifie la rentabilité et la productivité ? Nous rebeller contre une société utilitariste où la valeur de l’homme tend à se ramener à sa capacité productive ? Où le jeunisme est une forme d'apartheid générationnel ? Pouvons-nous nous rebeller contre sa propre condition mortelle ?

Toutes ses questions traversent la pièce de Muriel Jarry, pourtant nous sommes dans une comédie pure qui manie à merveille le fait d'actualité, tout en n'évacuant pas les questions embarrassantes.

A l'inverse, comment ne pas tomber dans le déni, car selon le Larousse médical, la vieillesse est "Troisième période de la vie, succédant à l'enfance et à l'âge adulte" cela semble très sérieux et inexorable.

Ce même dictionnaire continue "Les limites de la vieillesse sont difficiles à définir, les processus de vieillissement apparaissant dès la fin de la croissance ; en pratique, la frontière entre âge adulte et vieillesse est franchie au cours de la sixième décennie, avec de nombreuses variantes individuelles."

C'est précisément la ligne que semble choisir Florence, ici la variante individuelle est d'abord et surtout la rébellion.

Retrouver sa jeunesse, refaire l'amour, un caprice ou une nécessité vitale, c'est à partir de là que le théâtre s'invite, tout en quiproquos et en rebondissements propres à la comédie. Les chansons viennent ponctuer les scènes, commenter l'état intérieur d'un personnage, ici et là faire une remontrance, une gronderie, une admonition, tout simplement relever cette bonne ambiance où l'on rit jaune souvent.

 

France à Terre

La mise en scène sera enlevée, décalée, colorée, rapide, infernale, tournoyante, affolée, délirante, surprenante, musicale, pourvu que le spectateur (et l’acteur) ressorte souriant.

Le décor sera réduit à l’essentiel, un système de panneaux peints colorés, naïfs, tournant en fonction des ambiances.

Pour qu'il y ait comédie (et théâtre) il faut qu'il y ait une histoire de désir. Un bon manager commercial nous dira tant qu'un individu est dans le désir, il est susceptible de répondre à une offre. Épictète nous dira que le désir est toujours synonyme de souffrance, et que pour cesser de souffrir il faut donc cesser, de désirer. Nietzsche, que le désir est une force créatrice, une impulsion qui exprime la volonté de puissance.

"C’est le temps de la vie retrouvée, des rires, du plaisir, du bonheur", lance Florence et tous les personnages réagiront en fonction de ce coup d'éclat. Jusqu'où on va après ? Publier un livre sur l'orgasme et foncer sur l'Élysée ? Procréer avec l'aide d'autrui ?

 

Finalement, pour les personnages pris dans la farandole, faire l'épreuve du désir est un passage obligatoire, et c’est prendre le risque de se découvrir à eux-mêmes.

Résister, céder, affirmer ou être révélés par cette force. Rira bien qui rira le dernier.

© Compagnie du Corbeau - par Françoise Dufour

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